NUDITÉS Enna Chaton & Jihane Khelif
NUDITÉS
Enna Chaton
Jihane Khelif
Works on Canvas and paper
Galerie Lligat
12 rue de la Révolution Française
66000 Perpignan
1.06 ➜ 29.07.2023
From Thursday to Saturday
14h-19h
By presenting the works of Enna Chaton and Jihane Khelif, we propose a reflection on the forms of nudity. Of course, nudity refers to the body, to stripping it bare, the central subject of Enna Chaton’s research, explored over many years in her photographic practice. But nudity also raises questions about the contours of privacy and uncovering. How a private space, an intimate story, is made visible, as in Jihane Khelif’s family drawings.
It is also, in the words of Giorgio Agamben, a reflection on the image that is at stake here. The two artists question the photographic medium, transposing elements from shootings (Enna Chaton, who redraws photographed bodies on the glass that covers a drawing) or resourcing the drawing with images collected on the internet, taken with an iPhone or exhumed from family albums (Jihane Khelif).
Each of these works uses an intimate story (either lived or appropriated, as in the case of Jihane Khelif’s collection of images from pornographic websites) as the source of the graphic gesture, while seeking to probe the ‘knowability’ of the thing being looked at: the father’s sex, a scene of anonymous fellatio.
[FR] — En présentant les œuvres d’Enna Chaton et Jihane Khelif, nous proposons une réflexion sur les formes de la nudité. Si la nudité renvoie au corps, au dénudement — sujet central de la recherche d’Enna Chaton exploré pendant de nombreuses années dans sa pratique photographique — elle interroge aussi les contours de l’intimité, le dévoilement : comment un espace privé, une histoire intime sont donnés à voir ? La nudité induit aussi, selon les mots de Giorgio Agamben, une réflexion sur l’image. Ainsi, les deux artistes questionnent le médium photographique, soit en transposant des éléments de séances de prises de vue (Enna Chaton qui redessine des corps photographiés sur le verre qui recouvre un dessin), soit en ressourçant le dessin avec des images collectées sur internet, prises à l’Iphone ou exhumées dans les albums de famille (Jihane Khelif). Chacune fait de l’histoire intime (vécue ou appropriée comme la collecte d’images sur des sites pornographiques par Jihane Khelif) l’origine du geste graphique, tout en cherchant à sonder la “connaissabilité” de la chose regardée : le sexe du père, une scène de fellation anonyme.
“La nudité du corps humain est son image, c’est à dire le tremblement qui le rend connaissable, mais qui reste, en soi, insaisissable. D’où la fascination tout à fait spéciale que les images ne manquent d’exercer sur l’esprit humain. C’est justement parce que l’image n’est pas la chose, mais sa connaissabilité (sa nudité) qu’elle n’exprime ni ne signifie la chose ; et pourtant, dans la mesure où elle n’est que le moyen par lequel la chose se donne à la connaissance, l’acte par lequel elle se dépouille des vêtements qui la recouvraient, la nudité n’est autre que la chose. Elle est la chose même.”
— Giorgio Agamben, Nudités, Paris, Payot-Rivages, 2009